Une décision sous l’impulsion des professionnels de la viande

En Allemagne, comme de plus en plus dans d’autres pays, l’heure est grave pour les bouchers et autres métiers de la viande. Le nombre des vegans et des végétariens est en constante augmentation, ce qui a des impacts très négatifs sur leur chiffre d’affaires. C’est la raison pour laquelle ils se seraient adressés au ministre allemand Christian Schmidt pour que ce dernier parte en guerre contre les steaks de soja, les schnitzel végétarien (le schnitzel ou escalope viennoise est un plat traditionnel viennois) et les saucisses vegan curry.

En résumé, le ministre a déclaré que les noms de « pseudo-viandes » devaient absolument être bannis, car ils trompent les consommateurs. Pour ce membre du gouvernement, il est important que l’étiquetage des produits soit parfaitement clair, et il a annoncé qu’il était prêt à tout mettre en œuvre pour y arriver.

Le discours du camp adverse

La German Vegetarian Association prend la défense des producteurs d’aliments à base de protéines végétales qui constituent les destinataires principaux de l’allocution du ministre. Pour cette organisation, il n’y a aucune raison pour que le nom des produits à base de viande ne puisse pas être légalement utilisé pour les substituts végans et végétariens. Par ailleurs, les producteurs de produits sans viande précisent toujours que les plats ne contiennent pas de viande et sont en fait à base de soja, de légumes ou d’autres sources de protéines.

Pour la German Vegetarian Association, une telle manière de faire date de plus d’un demi-siècle, comme le précise le Soyinfo Center (un site qui se dédie entièrement au soja) dans l’un de ses articles. Selon cet article, dans les années 50, des saucisses et des côtelettes de soja étaient déjà vendues à Hambourg.

Une guerre des termes, du déjà-vu aux Pays-Bas

La filière viande qui s’insurge contre l’utilisation de termes qui, selon elle, doivent leur rester propre, les Pays-Bas l’ont déjà vécu. Dans un pays où les végans et végétariens représentent une proportion non négligeable, il est normal que les bouchers contre-attaquent. Les faits se sont déroulés il y a presque quatre ans. Les professionnels de la viande s’étaient ligués contre Frankenburger, un producteur de recettes sans viande. Lorsque ces recettes particulières ont traversé les frontières, les bouchers se sont rendu compte que la menace était bien présente.

Le véritable risque avec Frankenburger, c’est que cette entreprise faisait dans la variété. Elle proposait des plats au goût de volaille, de bœuf ou encore de poisson. Comme ingrédients de base, elle utilisait des carottes, des lentilles et des petits poids ou encore du blé et du soja. Et bien sûr, le nom des recettes était inspiré de celui des préparations originales, contenant bel et bien de la viande. Contrairement à ce qui se passe aujourd’hui en Allemagne, aucun ministre hollandais ne s’était exprimé, mais la discorde avait débouché sur des menaces de procès.